Procès des malfaiteurs de Bure : répression des antinucléaires en France
Les 1, 2 et 3 juin prochain a lieu le procès des “malfaiteurs”, au tribunal judiciaire de Bar-le-Duc. “Malfaiteurs”.
C’est ainsi que les 7 personnes dont c’est le procès se surnomment, en référence à une des infractions pour lesquelles elles sont mises en examen.
Celle, accrochez-vous, d’ “association de malfaiteurs établie en vue de la préparation, caractérisée par un ou plusieurs faits matériels, d’un ou plusieurs crimes ou d’un ou plusieurs délits punis d’au moins cinq ans d’emprisonnement.”
Pour comprendre ce qui se trame, il faut savoir que ces 7 personnes sont toutes opposantes au projet d’enfouissement de déchets nucléaires Cigéo, en Meuse.
Cette opposition a 20 ans.
20 ans que se succèdent les manifestations, les rassemblements festifs, les blocages et les pétitions. Pour dénoncer un projet jugé autoritaire, dangereux pour l’environnement et la population.
Pour comprendre ce qui se trame, il faut aussi avoir en tête la chronologie des événements.
Le 21 juin 2017, des dégradations sont commises dans un hôtel restaurant proche du laboratoire de l’ANDRA, l’Agence Nationale pour la gestion des déchets radioactifs, gestionnaire du projet Cigéo. Suite à cela, une instruction judiciaire, c’est-à-dire une enquête, est ouverte.
Elle a pour objectif, non pas d’enquêter sur les faits, mais sur le groupement de personnes les ayant permis. Elle est ensuite élargie à des dégradations commises contre un bâtiment de l’ANDRA en février 2017 et à l’organisation d’une manifestation non déclarée le 15 août de la même année, qui tourne à l’affrontement avec les forces de l’ordre. Ca veut dire que l’enquête porte aussi sur ces faits.
L’instruction a permis que des dizaines de personnes soient placées sur écoute. Que des milliers de conversations téléphoniques soient interceptées, représentant plus de 16 ans de temps cumulé. 5 personnes ont été interdites de se voir pendant deux ans et demi. La LDH, la ligue des droits de l’homme, parle de harcèlement judiciaire et dénonce la criminalisation de la lutte antinucléaire en Meuse.
En quoi cette affaire est-elle révélatrice de la surveillance dont font l’objet les mouvements antinucléaires ? Mais aussi de l’utilisation du droit pénal, en France, pour surveiller et réprimer les mouvements sociaux ?
Une radieuse mène l’enquête.