L’empire du carbone : Criminels climatiques, avec Mickaël Correia

vendredi 17 juin 2022, par Le temps est bon

Nous recevons dans cette émission le journaliste Mickaël Correia pour son livre Criminels climatiques, paru en janvier 2022 à la Découverte.
Dans cette enquête, il se penche sur les 3 multinationales les plus émettrices de gaz à effet de serre : Aramco (pétrole, Arabie saoudite), China Energy (charbon, Chine) et Gazprom (gaz, Russie).
S’intéresser aux stratégies économiques et de communication de ces mastodontes du capitalisme fossile permet de remettre l’attention sur la responsabilité des entreprises et de la finance dans le désastre climatique et de contrer le discours néolibéral dominant qui se focalise sur la responsabilité individuelle (pas de mails avec pièce jointe rigolote, svp).

Mickaël Correia nous explique donc que ces secteurs de l’énergie fossile sont encore en pleine expansion : ils vont chercher des gisements toujours plus loin, y compris dans des endroits rendus plus accessibles précisément par le dérèglement climatique (champs de gaz en Arctique) ; et appliquent des politiques néocoloniales pour vendre leurs technologies mortifères dans des pays en développement (centrales à charbon en Asie du Sud et du Sud-Est ou en Afrique).
On explique aussi que ces "carbon majors" prennent aussi, à leur manière, le tournant de la "transition énergétique" à la fois avec des plans communication plus greenwashés les uns que les autres, et en se faisant financer de nouvelles activités au nom de l’innovation et du solutionnisme technologique. On en arrive à des absurdités comme des technologies (par ailleurs peu efficaces) de captation et de stockage du carbone dans l’idée de le réinjecter dans les profondeurs géologiques, des plantations d’arbres au prix d’accaparements massifs de terres, ou à l’investissement massif dans la pétrochimie pour transformer plus efficacement le pétrole brut en plastique. Les banques d’investissement injectent des milliards dans ces technologies et dans cette pseudo "économie circulaire du carbone" et portent donc elles aussi une responsabilité considérable dans le désastre en cours.
Pour finir, on aborde les effets de la guerre en Ukraine sur les politiques de l’énergie et le grand recul de l’Europe vers toujours plus d’énergies fossiles (y compris les plus sales, comme le gaz de schiste).
Mais il y a quand même des perspectives de lutte ! Big up aux camarades qui ont bloqué l’AG des actionnaires de Total en mai 2022 et à toutes les alliances entre luttes émancipatrices et écolos qui sont en train de se forger...